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Mai 29

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Dix ans après c’est plus que jamais non ! • Qu’ont-ils fait de notre 29 mai 2005 ?

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« Ils » ont commencé par le piétiner. Deux ans après, ils ont en effet contourné le suffrage universel en votant le Traité de Lisbonne, ersatz du TCE, par voie parlementaire. Ils ont ainsi envoyé un message destructeur à un peuple qui, fait exceptionnel pour un référendum, s’était déplacé à plus de 70 % dans les urnes ! A un peuple qui, contre quasiment toutes les élites et la médiacratie, avait voté non à près de 55 % après un débat citoyen exceptionnel. Dix ans après, l’onde de choc de ce saccage de la démocratie n’en a pas fini de se propager : « à quoi bon sert de voter si ceux d’en haut ne respectent pas le mandat que nous leur avons donné ?». En signant le TSCG en septembre 2012, après avoir promis dans sa campagne qu’il ne le ferait pas si son contenu n’était pas modifié, François Hollande n’a fait qu’amplifier ce phénomène.

Ils ont démontré combien nous avions vu juste. Ceux-là même qui s’en allaient répétant leur mantra – « vous n’avez pas de plan B ! » nous disaient-ils – ont prouvé que leur plan A amenait l’UE à la catastrophe. Cet espace politico-économique basé sur un grand marché libre et sans contraintes, sans aucune harmonisation sociale et fiscale, couplé à une BCE indépendante mais toute entière dévouée à une politique monétariste, n’a fait qu’accélérer la crise financière de 2008. Le chômage, la précarité, la pauvreté, la casse de l’Etat social et des services publics, la désindustrialisation, le dumping généralisé et la concurrence entre les peuples qu’il génère, le productivisme forcené, l’austérité maladive : tout concourt à ramener l’Europe dans une période de récession égale à celle d’entre-deux-guerres sur fond de crise écologique sans précédent. Sur ce terreau, poussent un peu partout l’extrême-droite et les idées xénophobes à qui les élites prêtent une oreille – et les micros – de plus en plus complaisante.

Ils continuent à mépriser la souveraineté populaire et tout ce qui paraît s’opposer à l’ordolibéralisme. En intimant au gouvernement Tsipras l’ordre de renier le mandat que lui a confié le peuple grec, ils appliquent exactement les mêmes recettes qu’en 2005 : « votez, on se charge de faire l’inverse ». L’heure de vérité approche puisque si l’Euro-groupe n’accepte aucun des compromis proposés par le gouvernement grec, ce pays sera poussé hors de l’euro. Cela ne semble pas gêner le moins du monde le FMI de Mme Lagarde qui l’envisage publiquement avec évidemment le soutien (l’ordre ?) immédiat de l’Allemagne. En allant jusqu’à cette extrémité, ces apprentis sorciers pourraient bien signer ainsi la fin de l’Euro tout court. Mais ils n’en ont cure. Du haut de leur suffisance, ils considèrent les pays du sud de l’Europe comme une zone arriérée tout juste bonne à consommer les produits qu’ils fabriquent et à accueillir leurs vacanciers. Et dont finalement il ne couterait pas grand-chose de se débarrasser après les avoir laissés exsangues par leur politique. Il n’est qu’à comparer la façon dont ont été traités M. Tsipras et ses ministres et M. Cameron par les « capitales » européennes, Berlin en tête, et par la Commission Européenne de M. Juncker. Le premier cherchait pourtant un soutien et des solutions pour à la fois respecter son mandat et rester dans l’UE, alors que le second vient exercer un chantage pour un renforcement libéral des traités en échange du maintien de son pays, déjà hors zone euro, dans l’UE.

Oui décidément, si la Grèce était une banque, il y a longtemps qu’elle serait sauvée… Manifestement Berlin et Bruxelles, avec la complicité servile de Paris, ont décidé de prendre le risque de couler la Grèce quitte à préparer, si M. Tsipras leur obéissait finalement et du coup décevait son peuple, le chemin aux nazis d’Aube dorée en Grèce. Plutôt Hitler que le Front populaire ? La question est finalement toujours actuelle.

Qu’avons-nous fait de notre 29 mai ?

C’est la question que nous posent ces temps-ci les journalistes. Dans le tableau morose de l’UE, constatons des signes d’espoir qui n’existaient pas il y a 10 ans. C’est bien au nom des mêmes valeurs présidant à ce printemps des peuples (la France n’avait pas été la seule à voter NON) que justement, pour la première fois, « notre gauche » gouverne en Grèce et refuse d’abdiquer face aux ultimatums de la Troïka. C’est au nom également de ces mêmes valeurs que Podemos a fait irruption en Espagne et que des listes « convergences citoyennes », soutenues notamment par Podemos, ont non seulement cassé le bipartisme PP/PSOE, renvoyé toujours plus l’extrême droite à sa marginalité, mais également remporté les mairies de Barcelone et peut-être Madrid. C’est au nom d’une toute autre vision de l’Europe que Syriza en Grèce, Podemos en Espagne ou nous en France nous battons : à rebours de l’austérité, de la politique de l’offre, d’une « dictamolle » qui se fiche des souverainetés populaires. C’est au nom d’une union libre des peuples libres d’Europe et non celle de leur soumission aux règles du marché, de la finance et de l’ordolibéralisme. Voilà ce qui nous conduirait 10 ans après à voter plus que jamais non à cette Europe-là et donc à rompre à partir du cadre national. Selon un sondage publié ce 29 mai, le peuple ferait d’ailleurs bien plus largement de même puisque 62 % de français voteraient contre le TCE (à lire ici).

L’espoir vient donc du sud, des pays les plus touchés par l’austérité. Sommes-nous si en retard en France ? Posons autrement la question : qu’avons-nous fait de la dynamique du NON de gauche de 2005 ? Sur la longue durée, on répondra : au final, des progrès. Sur les tribunes de 2005, derrière l’apparente unité, se cachaient en réalité des partis ou courants incapables de proposer une alternative commune. Nous l’avons montré et payé cher pour la Présidentielle de 2007. A l’inverse, vaille que vaille, nous disposons aujourd’hui d’un socle d’environ 11 % que révèlent aussi bien le résultat des départementales que les sondages qui testent la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle de 2017. Ce n’est pas suffisant mais c’est une toute autre situation qu’en 2005. La constitution du FdG, onde portée de la dynamique du 29 mai, l’a permise. Et ce malgré toutes ses insuffisances et son incapacité à amplifier, depuis, le souffle de la campagne présidentielle de 2012 et la dynamique citoyenne née alors. Mais ce socle fait que nous ne partons pas de zéro pour espérer remporter à terme les victoires qu’engrangent ou que commencent à engranger « notre gauche » en Grèce ou en Espagne.

C’est rassurant et signe d’espoir, mais cela ne le sera pas longtemps car à l’inverse de ces deux pays, c’est l’extrême droite qui la première en France a cassé le bipartisme. Il y a donc urgence. Il y a donc péril. L’immobilisme, la poursuite d’un seul cartel électoral ressorti à chaque élection nous tuerait. La solution ? Suivre au moins trois des recettes utilisées par les nôtres en Grèce et en Espagne même sous des formes différentes : l’indépendance vis-à-vis des partis du système, libéraux comme socio-libéraux ; la capacité de susciter une véritable implication citoyenne en donnant à tous ceux voulant s’engager dans le processus l’assurance de peser autant que son voisin, qu’il ait une carte de parti, de syndicat, d’association ou pas ; et enfin à terme, la constitution d’un même mouvement, là aussi dont la forme peut varier, reposant sur des structures de base communes. C’est ce que nous proposons déjà à nos partenaires de poser dans le paysage, sous la forme d’assemblées citoyennes et d’assemblées représentatives pour les listes aux Régionales. C’est la même construction à laquelle des appels citoyens oeuvrent désormais partout dans le pays.

Voilà donc ce que nous devons absolument tenter de mettre en place dès les Régionales. C’est largement possible, ce n’est pour le coup qu’une affaire de volonté, notamment du Front de Gauche. Il peut ainsi confirmer qu’il est un bien précieux en contribuant à mettre en place les outils pour se dépasser positivement dans un rassemblement citoyen et une nouvelle alliance populaire. Dix ans après, ce serait ainsi une excellente façon de fêter la victoire du NON en 2005 et de préparer la suite.

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