Dimanche 28 juin sur France Inter, le premier ministre Manuel Valls a repris à son compte l’analyse néo-conservatrice du choc des civilisations. Il a ainsi affirmé que la lutte contre le terrorisme islamiste correspondrait à une « guerre de civilisations », comme si l’idéologie portée par l’EI était une civilisation.
Et si pour M. Valls, l’islamisme correspond à une « civilisation », comment explique-t-il alors que ce terrorisme touche sans discernements les peuples du monde entier ? Cette notion de «civilisation » est une catégorie floue impliquant la conception d’un monde dont les dynamiques seraient avant tout religieuses ou culturelles, plutôt que politiques et économiques. Issu d’un parti autrefois marxiste et qui privilégiait l’analyse en terme de « lutte des classes », M. Valls a donc complètement achevé sa mue conservatrice et libérale en défendant une lecture culturaliste du monde. Cette théorie du « choc des civilisations » est l’apanage des réactionnaires de tous poils qui l’emploient pour justifier des guerres à l’étranger et des lois liberticides en interne. Ce faisant, M. Valls suit l’exemple avant lui des autres partis sociaux-libéraux européens qui se sont soumis au libéralisme, à l’atlantisme et au conservatisme.
Mais de plus, le cynisme de M. Valls n’a pas de limite: il faut en effet rappeler que c’est bien le gouvernement du même M. Valls qui vend des armes à l’Arabie Saoudite, au Qatar et autres monarchies pétrolières du Golfe qui subventionnent l’intégrisme dans le monde entier. Dès lors, il ne dispose d’aucune crédibilité pour critiquer l’islamisme. Si il tenait vraiment à agir contre celui-ci, alors M. Valls devrait commencer par cesser ces ventes d’armes et sanctionner ces monarchies du Golfe, qui bénéficient de l’impunité la plus complète grâce au soutien des Etats-Unis d’Amérique.
Le Parti de Gauche dénonce le double discours et l’escalade verbale dangereuse de M. Valls dont la seule explication est la course avec Nicolas Sarkozy à qui sera le plus droitier sur ce sujet.