Bienvenue dans le monde de l’argent-roi, du business et du capitalisme dévastateur pour la planète. Enquête sur un ballon qui ne tourne plus vraiment rond, celui du foot-business où la loi du plus fort, des scandales et des trafics en tout genre sont légions. Le capitalisme a gangréné ce sport, né des couches populaires, pour le transformer en un business qui n’a ni foi ni loi.
400 milliards, c’est la valeur du chiffre d’affaire de toutes les fédérations de football mondiales (5 milliards d’€ en France). Dans ce monde merveilleux, les magnats du foot ne connaissent pas la crise. Tout est bon dans le ballon. De l’écharpe du club supporté aux produits dérivés en passant par les droits de retransmission télé, tout est fait pour que le foot soit un business à très forte rentabilité sur le court terme. Mais à qui profite tout cet argent ? « For the game, for the world » pour reprendre le slogan de la fédération internationale, la FIFA ? Certainement pas.
Le foot-business, c’est l’inhumain d’abord!
En l’espace d’à peine trente ans, le foot est devenu une activité des plus dérégulées de la planète. Tout s’achète, tout se vend et tout se négocie. A tel point que maintenant regarder un match de football à la télévision, c’est comme zapper sur BFM Business. A commencer par le trafic des joueurs professionnels. Si les transferts entre clubs de joueurs à coup de millions d’€ sont bien connus, des pratiques, illégales en France mais contournées, sont de plus en plus utilisées par les tiques de la finance pour faire du profit sur le dos des joueurs. Aujourd’hui, des sociétés d’investissement achètent des bouts de joueurs pour faire de l’argent. Les footballeurs sont devenus de purs produits spéculatifs. Vous qui payez votre billet, vous ne savez peut-être pas que vous financez également d’obscurs fonds d’investissement, comme Doyen Group qui s’est fait une spécialisation dans l’extraction d’uranium, de charbon et d’or ! Ce groupe investit en achetant par exemple 15% parfois 20% d’un joueur. Dans son portefeuille, visible sur son site internet, ce fond d’investissement affirme détenir des parts de dix joueurs ! Alors dans un monde capitaliste sans limite, si ces fonds sont, de plus, souvent un montage de sociétés, sans activité réelle et financièrement hébergées dans des paradis fiscaux, leurs investissements rapportent généralement bien plus que tous les autres produits de spéculation. On voit bien le danger qui guette. Et si ces fonds avaient des intérêts dans les deux équipes qui s’affrontent, elles auraient un grand intérêt à truquer les matchs.
Dans le cancer de l’argent, pas de place pour l’humain, pas même pour les enfants. Ce sont les nouvelles proies du capitalisme sauvage du foot-business. Des agents, qui préfèrent le costard cravate plutôt que le survêt’, viennent sur les terrains repérer les futures pépites pour les recruter. Parfois dès 7 ans, des enfants sont envoyés dans des centres de formation. La règle du jeu, très cynique, est pourtant très simple. Plus les agents les découvrent jeunes, plus ils pourront espérer toucher d’indemnités de formation si le jeune prodige tient ses promesses sur le terrain ! A l’image de Ferhat Cogalan, 13 ans, qui jouait à Grande-Synthe dans le Nord, devenu la pépite de Felix Perez, influent agent, persuadé d’avoir ouvert la caverne d’Ali Baba grâce à ce jeune qui est aujourd’hui formée dans le club espagnol FC Valence. Pas de place pour les sentiments et l’épanouissement de l’enfant. Mais que font les instances, comme la FIFA ou la FFF qui sont censées contrôler pour respecter l’éthique ?
La FIFA ? Une multinationale!
C’est bien cela le problème. Le système est corrompu jusqu’à la moelle. On ne peut dire que l’exemple vienne d’en-haut. La FIFA, la fédération internationale, était à l’origine une petite association au service du football. Ironie de l’histoire, de par son statut, elle était à but non lucratif ! La FIFA est devenue aujourd’hui une multinationale. Puissante, la FIFA tire 85% de sa richesse essentiellement de la coupe du monde de football et de ses sponsors. Pour la dernière édition au Brésil, la FIFA a récolté près de 5 milliards de dollars. Une somme colossale, au regard de ce qu’elle percevait il y a 10 ans. Pendant la préparation du mondial au Brésil, des millions de pauvres ont vu affluer des valises pleines de billets pour achever la construction de stades démesurés. Ceux-ci sont déjà devenus des éléphants blancs, sans qu’aucun n’ait pu en profiter pour améliorer son quotidien ! Pourtant, au Brésil, les inégalités sociales et la pauvreté atteignent des sommets jamais atteints. Alors, si depuis le 27 mai sept responsables de la FIFA, dont le vice-président et membre du comité exécutif, sont soupçonnés d’avoir accepté des pots-de-vin pour 90 millions d’€ pour avoir favorisé notamment le Qatar et la Russie à obtenir l’organisation de la coupe du monde, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Les récentes déclarations de Stepp Blatter, président de la Fifa depuis 17 ans, « je ne suis pas corrompu » font bien sourire. Les promesses du « fair-play financier » ne sont qu’un rideau de fumée. Aucun règlement n’est respecté !
Comme le montre le cas de la Fédération Française de Football (FFF). D’après le règlement, il est dit que « nul ne peut obtenir et détenir la licence d’agent sportif FFF, s’il a été l’auteur de faits ayant donné lieu à condamnation pénale ». Pourtant, de nombreux agents continuent à prospérer malgré une condamnation. Jean-Luc Barresi, par exemple, a été condamné en décembre 2012 à quatre ans de prison, dont un an ferme, pour extorsion de fonds par le tribunal correctionnel de Marseille. Il est toujours agent pour la FFF !
Le football est malade. Il va mal parce qu’il est la proie du capitalisme qui se moque bien des effets néfastes sur l’humain et son environnement. Carton rouge ! Il est temps de faire le ménage. Établir un salaire maximum serait, dans ce sport pourri par l’argent, plus que salvateur. Un joueur de foot ne doit pas être un produit financier ! C’était une promesse de Platini. Aurait-il déjà avalé son sifflet ? Nous devons retrouver l’éthique qui caractérisait le football des corons miniers. Il faut interdire la pratique des fonds d’investissements, tout faire pour éloigner des sports les prédateurs de la finance. Il faut agir pour sanctionner les clubs français qui défiscalisent illégalement en se faisant prêter des joueurs dans des clubs devenus paradis fiscaux comme les Rangers de Talca au Chili. Enfin, il est urgent de mettre en place un véritable garde-fou indépendant car aujourd’hui la DNCG dépend directement de la FFF !
Gardons toujours à l’esprit que ce sport résonne dans le cœur de milliards d’humains, sauvons le football du business outrancier. Pour que vivent le sport et le football, l’Humain d’Abord !