L’image insoutenable du corps sans vie du petit Aylan échoué sur la plage a déclenché une saine et immense émotion, réveillant l’humanité de chacune et de chacun. Mais l’émotion n’est pas raison. Quelques jours auront suffi pour que Hollande l’exploite afin de justifier une nouvelle intervention militaire par des bombardements sur la Syrie lors de sa conférence de presse de rentrée.
Hollande a décidé, une fois de plus de déclencher une guerre sans le débat nécessaire à l’Assemblée Nationale ! Ce fait du monarque digne de l’Ancien régime, démontre une fois de plus l’aberration de la constitution de la 5ème République, dans laquelle un seul homme, sans aucune délibération collective des représentants du peuple, peut engager la Nation toute entière dans la guerre du fait du pouvoir exorbitant que lui confère le monopole des armées. Le monarque s’apprête qui plus est à engager une opération militaire unilatérale de la France et de ses alliés de l’OTAN sans aucun mandat de l’ONU !
Depuis plus d’un an les pays occidentaux et les monarchies du golfe bombardent en Syrie et en Irak les positions de l’Etat Islamique sans succès, mais peu leur importe ! Des bombardements supplémentaires ne vont qu’aggraver la situation et faire un peu plus le terreau de Daesh, ce monstre enfanté par la seconde guerre d’Irak menée par les Etats-Unis.
Nous nous opposons à cette guerre : il faut au contraire s’attaquer aux ressources économiques de Daesh, cesser tout appui militaire aux soutiens de rebelles prétendus « modérés » et engager un processus de négociations avec le régime syrien (bien sûr sans soutien à ce régime dictatorial) et son opposition afin de favoriser une transition pacifique.
Au lieu de s’attaquer aux causes des exodes massifs en cours, le monarque par son choix belliciste les aggrave. Quant aux conséquences, derrière les annonces et l’enfumage des chiffres, la France est bien loin de se donner les moyens de les assumer. Au niveau européen, il serait temps de remettre en cause les accords de Dublin 2, de définir une politique en faveur du respect du droit d’asile et de la convention de Genève et non cette logique des quotas comme s’il s’agissait de bétail.
Hollande a annoncé que la France allait s’engager à accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans. La France, un des pires élèves en matière d’asile, a néanmoins accordé 14 589 droits d’asile pour l’année 2014. S’apprête-t-elle à en faire moins ? Exigeons de réels moyens pour accompagner les collectivités dans le respect des droits des réfugiés quant à l’hébergement et l’accès aux droits. Depuis des années, les financements ont été diminués. L’Etat doit enfin assumer ses responsabilités. Car dans les faits, les campements de fortune à Paris comme ailleurs se poursuivent tout comme les expulsions sans relogement. Soutenons les mobilisations citoyennes de solidarité, c’est bien la bataille culturelle contre la xénophobie du FN qui est en jeu.
Quant à l’enjeu de la COP 21, il aura occupé très peu de temps de la conférence de presse de Hollande ce lundi, montrant le peu d’intérêt accordé par le monarque aux enjeux climatiques. En concentrant son intervention sur les enjeux relatifs aux financements, Hollande a de facto confirmé l’abandon de toute recherche d’accord contraignant. Sous couvert du climat, le voilà qui se prépare à l’accélération du libre-échange. Les déclarations d’hier de Ségolène Royal reportant sans surprise une fois de plus la fermeture de Fessenheim démontrent s’il en était besoin leur absence totale de conscience écologique.
Sur le plan économique et social, le cap est maintenu : celui de la baisse des déficits publics avec les renoncements libéraux qui l’accompagnent. Sans doute convaincu par l’échec absolu qui persistera de sa politique relative au chômage, il confirme sa promesse estivale de baisse des impôts. Limitée à l’impôt redistributif, elle sera compensée par 2 milliards de baisse de dépenses publiques, annonçant de nouvelles saignées à l’encontre des collectivités et des services publics. Ce qu’il donne d’un côté sera repris de l’autre ! Hollande poursuit également sa volonté d’inverser la hiérarchie des normes entre la loi et le contrat pour le bonheur du Medef en défendant les accords entreprise par entreprise. L’offensive libérale est de taille et exige une détermination absolue dans la résistance !
Contre cette fuite en avant du monarque va-t’en-guerre et libéral assumé, préparons la riposte dès notre rendez-vous de fin de semaine à la Fête de l’Huma ! En plus de débats essentiels sur la COP 21, la 6èe République, l’Euro, les Régionales, la crise de l’élevage, c’est sur le stand du PG que l’alternative internationaliste va se construire à l’occasion du meeting commun en faveur d’un sommet pour un plan B en Europe entre Oskar Lafontaine, Yanis Varoufakis et Jean Luc Mélenchon.