Le résultat du Conseil Politique Régional Ile de France d’EELV a clos les débats : il n’y aura pas une liste citoyenne commune EELV/FDG en Ile de France. On me dit que les 34,66% obtenus par la motion de la gauche d’EELV en faveur d’une telle liste est un bon résultat vu l’instance en question. Je le prends donc comme tel et me dit que c’est peut-être un signe d’espoir pour l’avenir. En attendant Emma Cosse et ses ami-e-s ratent une occasion.
Je connais les arguments puisqu’ils nous ont été avancés tout au long de ces semaines par l’entourage de la N°1 d’EELV et de divers responsables de son parti.
Le premier reposait sur un sondage de juin montrant, soi-disant, qu’une liste EELV pur sucre faisait 9% et avec le FDG 12 %. Leur conclusion : nos électorats ne s’additionneraient pas. On pourra déjà rétorquer, et nous l’avons amplement fait, que lorsque votre précédente candidate, Cécile Duflot, a fait 16% aux Régionales de 2010, mieux vaut partir en campagne à deux chiffres qu’à un. Mais, surtout, baser sa stratégie sur un sondage à froid, six mois avant l’élection, sur une liste vendue comme une hypothèse aux sondés est soit une bêtise soit un prétexte. Il eut été intéressant de tester, par exemple, la liste de rassemblement citoyen menée par Eric Piolle et Elisa Martin pour les municipales à Grenoble six mois avant qu’elle ne remporte la mairie. Je pense que le résultat ne devait guère être différent, pire peut-être. Se souvient-on que Jean-Luc Mélenchon en juin 2011 était crédité de 3% des intentions de vote… On voit d’ailleurs bien que c’est depuis qu’elle existe réellement que la liste de rassemblement citoyen et d’unité FDG/EELV/ND/NGS grimpe dans les sondages en Midi Pyrénées –Languedoc Roussillon… Et les excellents résultats de telles listes de rassemblement lors des élections départementales dans les zones urbaines, comparables donc à l’Ile-de-France, prouvent à l’inverse tout le potentiel de cette stratégie.
Le second, plus « off » était sans doute moins fallacieux : la secrétaire générale de EELV, Emma Cosse jugeait impossible de prendre une option aussi tranchée dans un parti partagé sur cette question. Autrement dit l’autonomie était le moyen de rester au milieu du gué surtout quand les plus droitiers de ses membres, et élus ce qui a des conséquences financières, s’en vont ou menacent de le faire. Paradoxalement donc le succès des listes de rassemblement ailleurs en France (on en compte cinq aujourd’hui et d’autres pourraient s’ajouter) rendait encore plus compliqué pour la secrétaire générale d’EELV d’incarner à son tour un tel choix sauf à en faire désormais la stratégie nationale de son parti ce qu’elle se refuse à faire…
Peut-être. Peut-être que ces arguments internes l’auront finalement emporté mais des choix politiques décidés en fonction de telles considérations ne sont jamais bons. C’est d’ailleurs à cela que l’on reconnaît la qualité d’un-e responsable politique apte à proposer des choix en fonction de l’intérêt général de son camp, et plus largement de ses concitoyen-ne-s, et non de je ne sais quelle question interne.
Car à l’inverse les arguments rationnels pour faire une telle liste étaient légions.
Je sais bien que dans la dernière ligne droite, préparant surement en interne le terrain de son refus, EELV a voulu à travers une lettre envoyée à chacune des composantes du FDG pointer nos différences programmatiques plutôt que nos proximités mais la réponse argumentée que nos trois SN Jean-Charles Lallemand, Paul Vannier, tous deux responsables de la région IDF, et Sarah Legrain, en charge des relations unitaires, ont fait parvenir au Conseil politique régional mardi matin, (je la reproduits ci-dessous intégralement), en révèle l’inanité. Si effectivement des débats de fond existent entre nous, ils ne nous empêchaient pas pour le coup de gérer ensemble une région en y proposant des choix alternatifs à l’austérité, au productivisme, à un aménagement du territoire et de l’organisation des transports franciliens contraires aux intérêt des habitants de la région et de la préservation de l’environnement etc… Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre d’analyser attentivement les votes et les débats des assemblées plénières du Conseil régional pour s’en convaincre. Sur plusieurs des grands dossiers présentés lors de ce mandat nous avons été d’accord et quand nos votes ne se sont pas retrouvés c’est plus d’une fois en raison de l’accord de gestion qui liait EELV au PS et non de la conviction de ses conseillers régionaux. Tout cela pour dire que comme dans d’autres régions, nous n’aurions pas eu trop de difficultés à écrire un programme commun.
Et si d’ailleurs il était encore besoin de s’en convaincre, il suffirait de se remémorer les mobilisations sur lesquelles nous nous retrouvons bras dessus, bras dessous depuis 3 ans, souvent en opposition à la politique gouvernementale : soutien à la Grèce, soutien à l’amnistie sociale, lutte sur le logement, en solidarité avec les migrant-e-s, contre l’ANI, contre les GPII, pour le climat… On ferait mieux en réalité d’énumérer celles pour lesquelles ce n’est pas le cas. Je cherche encore.
Enfin, et ce dernier argument aurait du tout emporter, dès lors que nous sommes des partis aspirant à gouverner le pays et que nous ne voulons pas le faire derrière le PS, nous avons la responsabilité de proposer une alternative. Ce sera nécessaire à l’avenir. C’est aussi valable dans ces élections régionales dont nul n’ignorera le caractère national à un an des présidentielles. Toute démonstration en ce sens est un bien précieux pour l’avenir et du coup pour lutter concrètement contre la montée de l’extrême-droite et les ambitions de la droite. Pour répondre également aux appels politiciens de Cambadélls à l’unité derrière son parti pour contrer une menace FN. Ensemble nous avions la possibilité d’être en tête de la gauche au soir du 1er tour voir même de mettre Emma Cosse en situation de présider la région. Le passage était certes étroit mais il existait tant je suis certain de l’enthousiasme qu’aurait suscité un tel rassemblement. Une telle occasion, sans risque, ne se refuse pas. A moins qu’en réalité on ne la souhaite pas… Ce qui est peut-être d’ailleurs le fond du problème en ce qui concerne la tête de liste d’EELV.
Je m’arrêterai là. Je sais que beaucoup de militants et sympathisants EELV, y compris des candidats pressentis, éprouvent le même regret que moi aujourd’hui. Dans d’autres régions mes camarades feront tout pour les aviver en asseyant d’obtenir le meilleur score possible pour leurs listes de rassemblement. En attendant sur l’Ile de France qu’on compte sur nous pour mener la bataille pour faire vivre une véritable alternative citoyenne, écologique et sociale aux listes de tous les partis de l’austérité. J’y mettrais pour ma part toute mon énergie. Emma tu as raté une sacrée occasion de la mener avec nous. Il n’y a sans doute que le PS qui puisse vraiment s’en satisfaire.
PS : Courrier envoyé par le PG en réponse à la lettre d’EELV IDF
Paris, le 15 septembre 2015
Chères et chers camarades écologistes d’EELV-Ile-de-France,
Nous répondons au nom du Parti de Gauche à votre courrier en date du 11 septembre faisant suite à notre rencontre du 4 septembre au sujet des élections régionales en Ile-de-France de décembre 2015.
Souhaitant pour notre Région francilienne, en vue de ces élections, une liste de Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire, réunissant les forces du Front de Gauche, EELV et d’autres composantes politiques organisées ou issues des appels citoyens apparus ces derniers mois, à l’instar des configurations électorales qui se dessinent dans d’autres régions de France, nous allons y répondre point par point, tout en vous faisant part de nos propres interrogations à ce stade de notre discussion.
Pour commencer votre lettre, vous rappelez vos axes de campagne en matière de logement et de transports dans une optique à la fois environnementale et sociale. A l’heure où les défis du dérèglement climatique que la conférence COP21 de la fin de l’année permet de mettre en lumière – à défaut de laisser envisager des solutions adéquates à la hauteur des enjeux –nous partageons cette volonté d’engager véritablement notre territoire dans la transition pour protéger nos écosystèmes et sauvegarder la possibilité même de la vie humaine sur terre. Nous ne pouvons donc que partager ces axes programmatiques, comme l’ont démontré l’action régulière de nos élu-e-s sortant-e-s du Conseil régional et nos prises de positions nationales ou locales. Nous soutenons y compris la pétition dont vous avez récemment pris l’initiative pour un encadrement à la baisse des loyers en IdF et que nous sommes nombreux du Parti de Gauche à avoir signée sur votre stand à la Fête de l’Humanité où nous avons été heureux de vous y trouver cette année. Même si les compétences sont essentiellement du ressort des communes et de l’Etat, nous pensons également que la Région ne peut laisser faire le scandale de la ségrégation sociale par l’habitat dans certaines communes et nous sommes pour que la Région refuse toute aide pour les communes qui n’appliquent pas le minimum de 25% en matière de logement social (loi SRU modifiée loi Duflot), afin que la loi devienne effective. Pour ce qui est des transports, nous avons soutenu conjointement, lors de la campagne 2010, l’introduction du pass Navigo à tarif unique (même si nous aurions souhaité qu’elle se fasse sur la base de la tarification des zones 1 et 2 de l’époque à 56 euros). Pour que cette mesure sociale et environnementale prenne tout son sens, il nous faudra maintenant arracher les crédits pour le bon entretien des voies et des réseaux de transports collectifs publics, ainsi que les moyens afférents en personnel. Nous avons des combats communs à mener en la matière, alors que les politiques d’austérité gouvernementales mettent à mal les capacités d’engager concrètement et de façon planifiée dans toute la Région cette nécessaire transition écologique.
Vous citez ensuite un certain nombre de GP2I programmés dans les départements de notre Région. Nous ne pouvons que réaffirmer notre opposition commune qui se constate tant au Conseil
Régional IdF, au Conseil de Paris ou par l’engagement local de nos camarades respectifs dans les collectifs citoyens de résistance. Nous nous opposons aux GP2I cités dans votre lettre : Europacity au Triangle de Gonesse (95), Plateau de Saclay (91), Tour Triangle(75) et globalement au projet des JO en Ile-de-France… Concernant le projet « Village Nature » dans le 77, nous nous opposons à la logique qui veut transformer ce département en zone de « parc à thèmes » démesurés et anti-écologiques pour touristes venant depuis la capitale, alors qu’il est déjà fortement marqué par Disneyland. Nous regrettons en revanche la faiblesse du collectif local, au regard des mobilisations contre les autres GP2I d’IdF et nous vous proposons d’avoir une initiative unitaire en ce sens dans le département 77, pour dépasser les prises de positions d’élu-e-s. En outre, nous nous étonnons de ne pas retrouver dans votre liste de GP2I programmés dans notre Région, certains pour lesquels des mobilisations de résistance sont déjà engagées : grand stade de rugby (dans le 91), projet « Central Park » à la Courneuve (93), le projet de port-containers d’Achères (78) qui s’inscrit, derrière la liaison directe par voie fluviale de la région capitale au port de Rotterdam, dans une logique de renforcement du trafic par camions des marchandises ainsi livrées. Nous pourrions aussi ajouter à vos manques le projet de grand incinérateur d’Ivry (94) qui ne pourrait atteindre sa masse critique qu’en augmentant les quantités de déchets à incinérer, au détriment des autres filières de traitement des déchets ou des politiques« zéro déchet » de réduction à la source. Nous aimerions connaître vos positions sur ces GP2I que vous n’avez pas cités.
Vous en venez ensuite à votre conception du « fait régional » et voulez promouvoir votre propre conception nationale du« fédéralisme différencié », sur le modèle espagnol. Vous le savez, le fédéralisme régional n’est pas notre conception de l’organisation territoriale de la République au niveau de notre programme national. Nous ne sommes pour autant pas moins investis sur le terrain de la démocratie participative, de l’implication citoyenne et de l’éducation populaire politique, puisque nous souhaitons même que notre éventuel Rassemblement citoyen pour les élections régionales puisse se pérenniser sous la forme d’une assemblée représentative d’assemblées citoyennes. Plutôt que de chercher à cliver entre nous sur cette question de façon idéologique, nous pensons que nous pouvons au contraire trouver un terrain d’entente à travers les concepts actuels de décentralisation et de collectivités territoriales dotées de la clause générale de compétence dans les limites définies par la loi (ce qui était le cas jusqu’à la loi Notre que ni vous, ni nous n’avons soutenue). Or, nos camarades respectifs dans des territoires autrement plus marqués par le « fait régional » que l’Ile-de-France, avec des identités régionales fortes y compris parfois avec un ancrage fort de langues régionales, comme Midi-Pyrénées-Languedoc Roussillon, Bretagne, PACA, Auvergne-Rhône-Alpes ou Nord-Pas-de-Calais-Picardie, trouvent en ce moment, régions par régions, des terrains de convergence entre nos formations, sans pour autant mettre en avant le « fédéralisme différencié » qui, dans votre conception même, s’appliquerait davantage à leurs régions qu’à l’Ile-de-France. Interrogeons-nous, concrètement et programmatiquement, sur ce que la mise en avant du « fédéralisme différencié » signifierait, dans le cadre de la campagne électorale dans notre Région. Le « fédéralisme différencié », appliqué à l’Ile-de-France qui jouit déjà de sa « rente de situation » de Région-capitale centrale, n’aurait selon nous aucunement la vertu « décentralisatrice » que vous mettez en avant mais reviendrait, au contraire, à jouer le jeu de la métropolisation et de la concurrence à outrance entre les territoires, dans le cadre de la mondialisation : bref, à entrer dans une contre-dynamique d’égoïsme de la Région-capitale la plus riche du pays contre le reste du pays. Cela ne nous paraît pas du tout écologique et ne s’inscrit pas dans une logique de transition vers la limitation de la croissance. Par ailleurs, le fédéralisme induirait forcément une inversion des normes si la loi n’est plus le socle minimal auquel peut s’ajouter un « mieux disant social ou environnemental » décidé dans le cadre de la clause générale de compétence de la Région, et si, au contraire, des « lois régionales » peuvent remettre en cause les éléments protecteurs face au marché des lois nationales du Code de l’environnement, du Code de l’urbanisme, du Code du commerce ou du Code du travail, pour ne citer que des domaines juridiques habituellement mobilisés pour les politiques de transition écologique. Nous voyons déjà comment, sur l’autel de la compétitivité de la Région-capitale et de son assignation à une fonction de destination touristique mondiale, les gouvernements UMP puis PS cherchent à contourner la loi générale par des dérogations sur le travail de nuit et le travail du dimanche dans des logiques productivistes, consuméristes et anti-sociales. Le rapport de forces actuel avec les oligarchies n’est pas favorable au mieux disant environnemental et social, et la promotion du fédéralisme régional appliquée à notre « Région-capitale », si cela signifie que la loi n’est plus le socle minimal de la norme (contrairement à la conception de la décentralisation dans les limites de la loi qui prévalait jusqu’à maintenant) nous paraît donc, soit au mieux n’avoir pas de sens en IdF, soit au pire être contraire aux intérêts de la transition écologique.
Cela ne retire rien au fait que pour nous, la Région peut être un territoire pertinent pour la planification écologique (le SDRIF est lui-même un instrument juridique déjà existant de planification territoriale), y compris en utilisant la compétence régionale en matière de formation professionnelle pour soutenir les nouveaux métiers de la transition écologique de l’économie. Nous pouvons aussi nous retrouver pour faire des Régions des « territoires de résistance » (pour reprendre l’expression de vos camarades d’EELV-Centre Val de Loire, avancée dans nos discussions locales) : résistance au libéralisme, résistance au libre-échangisme en assumant la désobéissance civique au TAFTA et aux autres normes antisociales et environnementales, résistance en s’opposant aux politiques d’austérité du gouvernement dont les conséquences ne sont pas étrangères aux compétences régionales car elles impactent directement les baisses drastiques des subventions aux collectivités territoriales. A ce titre, c’est à nous de vous interroger sur votre volonté ou non – car cela nous semble encore flou pour le moment dans vos prises de positions – de donner à notre possible Rassemblement citoyen pour ces élections régionales une forte orientation anti-austérité, à l’instar du mouvement« des plumés de l’austérité » qui a réuni l’an dernier des élus locaux EELV et Front de Gauche dans le 93. Nous estimons que la Région doit assumer son rôle de tribune et de contestation de ces politiques. De même, nous devons interpeller au niveau régional l’Etat et les organismes de la Sécurité sociale, sur la politique sanitaire de l’ARS, notamment concernant les moyens des hôpitaux publics et les fermetures des centres IVG, ou sur la fermeture scandaleuse de la moitié des centres de CPAM dans le 93. Nous devons aussi renforcer les moyens attribués à la lutte contre les violences faites aux femmes. Nous ne pouvons arguer que ce ne sont pas des compétences strictement régionales car l’intérêt même de la cohésion de notre territoire, dans une vision solidaire, écologique et citoyenne, est mise à mal par les politiques d’austérité.
Vous ne dites mot non plus de la lutte contre le racisme et de la lutte contre les toutes les discriminations et les ségrégations sociales ou spatiales dans les quartiers. Nous savons toutefois les camarades d’EELV suffisamment attachés aux valeurs républicaines d’égalité des droits, pour que nous puissions trouver des propositions programmatiques communes fortes, dans le cadre des actions de la Région.
Vous en venez ensuite au sujet des politiques économiques au niveau régional. Vous semblez, pour commencer, vouloir caricaturer notre position en laissant penser que nous voudrions faire passer toutes les structures économiques de la région en régies publiques… pour au final dire, somme toute, la même chose que ce nous disons. Comme nos interventions au Conseil régional IdF et en dehors l’attestent, nous sommes pour conditionner tout appel d’offres au secteur privé par des clauses environnementales et sociales strictes – Vous aussi. Nous sommes pour le développement des entreprises de l’économie sociale, solidaire et écologique – Vous aussi. Vous êtes pour le développement de régies publiques pour les biens communs comme l’eau ou l’énergie, sortis des logiques du marché – Nous aussi. Vous être contre les PPP – Nous aussi. Donc au final, nous ne comprenons pas quelle est la question que vous nous adressez au sujet des politiques économiques. Par ailleurs, notre résolution nationale de cadrage programmatique« Réinventons l’avenir », adoptée à notre Conseil national des 6-7juin, avance l’idée de banques régionales publiques d’investissement pour avoir une politique maîtrisée de l’innovation écologique, sociale et technologique. Est-ce une revendication concrète que nous pourrions partager avec vous pour l’Ile-de-France ?
Vous terminez enfin par une série de paragraphes liés aux fondements et contours stratégiques que pourrait prendre une alliance entre EELV et le Front de Gauche pour les élections régionales de décembre en Ile-de-France, à l’instar des autres régions où de telles listes se préparent.
Sur la question de la tête de liste régionale, notre position est connue. Nous ne voudrions pas céder à un quelconque culte de la personnalité et reproduire au niveau de la Région la présidentialisation du régime que nous combattons dans sa forme constitutionnelle nationale de la Ve République. Nous pensons qu’Emmanuelle Cosse peut incarner une présidente de Région IdF intéressante mais à la condition qu’elle assume sa chance historique de se mettre au service non pas d’une liste « EELV » ou « EELV élargi » mais au service d’un Rassemblement citoyen, écologiste, solidaire et anti-austérité commun avec nous, sur le même modèle qui nous a conjointement réussi pour conquérir la mairie de Grenoble en mars 2014. Nous ne remettons donc pas a priori en cause la tête de liste d’Emma Cosse dans ce cadre et si cela devait aller plus loin nous porterions, comme nous l’avons déjà fait, cette possibilité auprès de nos partenaire du FDG, dans le cadre d’un nouveau label politique national mentionné dans la lettre ouverte aux forces du FdG, EELV, NGS et ND de nos deux Coordinateurs politiques nationaux Eric Coquerel et Danielle Simonnet (voir : https://www.lepartidegauche.fr/communique/regionales-une-lettre-parti-ga… ).
Cela dit, il va sans dire qu’en cas de liste commune entre EELV et le Front de Gauche, nous souhaiterons une pluralité de porte-paroles de campagne (et un rééquilibrage national des binômes paritaires de campagne, sur le modèle trouvé par nos camarades respectifs de la Région Auvergne-Rhône-Alpes). En termes de répartition des places sur les listes, au vu de la représentativité de nos forces sur la Région lors des dernières élections régionales de 2010 mais aussi des évolutions de nos forces politiques depuis lors, nous estimons qu’une juste représentation des forces du Front de Gauche serait à trouver aux environs de 50% de cette liste commune (en tenant compte des tranches de probabilité d’éligibilité et de répartition des têtes de listes départementales, vu que vous auriez la tête de liste régionale. Mais cette discussion, si elle devait se poursuivre, se ferait évidemment en lien avec nos partenaires du FdG et pourrait du coup sensiblement évoluer. Car, et c’est une façon de vous répondre au sujet du logo du Front de Gauche et de son utilisation : nous ne partons pas dans l’idée de changer de partenaire mais bien d’additionner nos forces ; ce qui fait que pour le moment nous n’imaginons pas que l’accord ne se fasse pas entre le FDG dans son ensemble et EELV.
Pour ce qui concerne les cumuls de mandats, vous connaissez notre opposition, vu que nous portons haut et fort comme modèles les chartes éthiques, telles celles portées avec succès par les mouvements citoyens autour de Podemos, lors des dernières municipales en Espagne, ou celles déjà adoptées en régions Auvergne-Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon et qui ont été signées localement par nos camarades respectifs. Il s’agit pour nous d’une position nationale, déclinable pour toutes les régions.
Vous nous interrogez enfin sur la question des seconds tours. Nos positions arrêtées nationalement lors de nos conseils nationaux de cette année et dans notre texte de résolution de Congrès de début juillet sont pourtant connues. Lors des municipales de 2014, nous avions prôné l’autonomie de premier tour et des fusions techniques de listes avec celles du PS lors des seconds tours pour battre la droite et l’extrême-droite. Nous ne participons toutefois pas à des exécutifs locaux dirigés par des membres du PS car nous estimons que nous ne pouvons cautionner aux yeux de nos concitoyens les politiques du gouvernement PS auxquelles nous nous opposons. Aujourd’hui, nous considérons que vu les dérives des politiques droitières du gouvernement PS, nous ne pouvons faire de telles annonces préalables que le PS traduit toujours comme des blancs-seings à continuer ses politiques productivistes et anti-sociales car il considère les voix de gauche et écologistes de premiers tours comme des réserves acquises pour les seconds tours. En tant que Parti de Gauche, nous voulons nous réserver la possibilité d’apprécier politiquement les résultats des premiers tours des prochaines régionales, le soir même de ces premiers tours, y compris d’apprécier les possibilités de prises ou non de régions par la droite ou l’extrême-droite, pour prendre une décision souveraine de notre parti. Nous prônons aussi que les rassemblements citoyens puissent se doter d’instances représentatives de nos listes pour trancher cette décision. Bref, nous nous engageons dans des listes autonomes de premier tour sans préalables vis-à-vis des décisions souveraines des autres forces politiques, mais nous revendiquons pour nous la souveraineté de notre possible droit de retrait selon notre appréciation que nous ferons des seconds tours et si le maintien des listes n’était pas décidé (car nous tablons qu’à minima, dans toutes les régions, nos listes communes dépassent le seuil des 10%).
Au demeurant, concernant l’Ile-de-France, si nous faisons une liste commune de rassemblement citoyen, écologiste, solidaire et anti-austérité avec Emma Cosse comme tête de liste, c’est dans le but que cette liste soit en tête de la gauche à l’issue du premier tour et qu’Emma Cosse puisse prétendre être présidente de Région IdF à l’issue du second. Le seul exécutif dans lequel nous pourrions participer serait alors un exécutif de Région présidé par Emma Cosse et nous ne voudrions pas, avant le 6 décembre, par des déclarations anticipant la configuration du second tour comme vous semblez vouloir nous le demander, donner l’impression que nous donnons Emma Cosse perdante. Aussi, nous étonnons-nous que ce soit EELV-IdF et la direction de campagne d’Emma Cosse, par vos questionnements, qui envisagent une stratégie de communication de premier tour qui donnerait Emma Cosse perdante, au moment même où certains écologistes, tels Cécile Duflot, affirment qu’il faut « déminoriser l’écologie ». Pour nous, la perspective d’une force politique commune, écologiste et anti-austéritaire, ne peut être juste un voeu pieu. C’est la condition pour mettre fin aux carcans des politiques libérales de la droite ou du PS, et au risque d’une montée toujours plus forte de l’extrême-droite.
Nous savons que notre réponse est appelée à nourrir les décisions de votre Conseil politique régional IdF qui est votre instance de prise de décision souveraine, compte tenu de la structuration fédérale régionale d’EELV. Vous le savez, le Parti de Gauche n’est pas un parti politique à structure fédérale, ce qui explique que c’est à la fois en tant que responsables de la direction nationale du Parti de Gauche et de la coordination régionale IdF de nos instances que nous vous répondons. A ce titre, et d’une façon assez solennelle, nous soulignons, comme dit précédemment, l’importance de saisir avec une liste commune de Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire pour la Région IdF, la possibilité historique de construire cette force politique nouvelle, « déminorisée » c’est à dire à vocation majoritaire, que nous appelons les uns comme les autres, et dont l’écologie sociale serait au coeur du projet.
Jean-Charles Lallemand, Secrétaire général du Parti de Gauche, en charge du suivi des régions, Coordination régionale IdF
Sarah Legrain, Secrétaire nationale du Parti de Gauche en charge des relations unitaires.
Paul Vannier, Secrétaire national du Parti de Gauche en charge du suivi de la Région IdF, Coordination régionale IdF