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Nov 08

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Meeting de campagne du 3 novembre 2015 à Gonfreville-l’Orcher

Bonjour à toutes et tous.

Il me faut dire quelques mots sur le thème de la jeunesse.

Pour moi, qui ai 20 ans, c’est un thème qui peut paraître évident. Mais c’est sans compter qu’il y a plusieurs centaines de milliers de jeunes en Normandie, avec pour chacun des parcours, des origines sociales, des formations, des opinions et des aspirations différentes : impossible de tout aborder, impossible de tout dire.
On ne peut être exhaustif sur un sujet aussi vaste.
Il n’empêche. La diversité de nos situations ne doit pas occulter les problèmes qui nous concernent tous.

Toutes ces situations ont un grand dénominateur commun, elles sont traversées par une seule et même problématique : comment vivre au quotidien sans revenus propres – ou avec de faibles revenus, ou bien dans la peur constante de les perdre.
C’est particulièrement vrai pour les jeunes en formation : quand on se forme, on ne travaille pas – ou alors à titre subsidiaire – et, fatalement, on ne gagne pas d’argent.
Les bourses ne sont pas toujours suffisantes pour vivre décemment.
A ce propos, vous savez peut-être qu’il y a quelques jours, le 29 octobre, lors du débat sur le budget 2016, un amendement a été adopté en commission qui vise à raboter les APL, en les conditionnant au revenu parental. 500 000 jeunes seraient affectés par une telle mesure…

Certes, au niveau de la région, on n’en est pas encore à accorder la grande revendication des partis de gauche, des associations, des syndicats étudiants, c’est-à-dire une allocation jeunesse inconditionnelle, le revenu jeunes : il faudrait une impulsion nationale et des moyens nationaux pour mettre cela en œuvre.
Mais, en attendant, la région peut agir, pour réduire les coûts induits par les études.
Elle le peut, notamment en soutenant une éducation proche des étudiants, une éducation de proximité.

A titre personnel, je suis étudiant ici, à l’Université du Havre.
Le Havre, une ville ouvrière, délaissée par les universitaires pendant des siècles, et où une partie importante de la population n’avait pas accès à l’enseignement supérieur ; et qui, il y a 30 ans – 30 ans seulement, dans la deuxième agglomération de la Normandie ! – a obtenu sa propre université.
Le résultat en vaut la peine, avec une formation de qualité, en pointe dans certains domaines, mais aussi une recherche qui bénéficie à l’industrie et à l’emploi local. Surtout, l’Université permet à beaucoup de mes camarades du Havre et alentours d’étudier en restant chez eux,

Un enseignement de proximité, c’est donc un atout précieux.
Évidemment, pour la droite, le PS, tout cela, c’est trop petit, c’est trop cher. Il faut rationaliser, fusionner, concentrer, pour être compétitifs. Il faut créer, dans de grands pôles régionaux, des filières d’élite !
Pour l’élite… Très loin, très coûteux… Et quitte à en laisser sur le carreau – les étudiants pauvres, les formations « non-compétitives » comme les sciences humaines

De la LRU de Pécresse au programme de Hervé Morin – qui, en passant, prévoit lui aussi de soutenir la fusion des universités normandes, au détriment des antennes locales – en passant par la loi Fioraso, tous les pouvoirs néolibéraux successifs, tous œuvrent pour l’université d’une élite, pour l’université d’une classe.

Non, ce n’est pas ainsi que l’on aidera la jeunesse, avec une université lointaine et chère.
Nous devons consolider nos acquis, défendre ce qui existe déjà ; nous devons aussi aller de l’avant. Il donc naturel que, 30 ans après que la municipalité PCF ait amené l’université dans notre ville du Havre, dès 2016 la région Front de Gauche amène l’université dans les autres villes moyennes de Normandie.

Mais aider les seuls étudiants ne suffit pas pour aider la jeunesse.
Il faut aussi venir en aide à ceux qui sont sortis du système, à ceux que l’on ne voit plus, à tous ces perdus de vue.
On peut les aider à retrouver la place qui est la leur dans la société, avec une meilleure formation technique et professionnelle, qu’il faut soutenir et valoriser.. On ne construit pas une société avec les seuls savoirs académiques de cadres et d’intellectuels : il faut rappeler et affirmer l’égale dignité de tous les travailleurs.
On peut les aider à sortir de la précarité, et la carte santé jeune – la mutuelle complémentaire gratuite financée par la région – est là pour ça.

Il faut également, autant que possible, empêcher en amont les jeunes les plus fragiles de sortir du système, du système scolaire en particulier.
Ce qui passe, là encore, par un enseignement secondaire de qualité. Cela tombe bien : les lycées sont précisément une compétence régionale !
De bons bâtiments, des locaux en bon état, pour étudier dans des conditions correctes : la région le peut.
Une meilleure aide financière pour les plus démunis, en particulier pour l’achat des manuels, pour apprendre l’esprit tranquille : la région le peut.

Une restauration scolaire de qualité, pour bien manger et être en forme : la région le peut – car, combien de lycéens délaissent les cantines pour les sandwiches et les fast foods, voire, pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer ces mêmes cantines, ne déjeunent plus ! – elle le peut en introduisant une tarification solidaire, et en proposant des menus cuisinés à base de produits frais, issus de l’agriculture locale et biologique.
Bien sûr, il faut aussi soutenir les transports en commun, que les jeunes sont nombreux à emprunter chaque jours pour se rendre à l’école ou au travail, et qui pèsent à la fois sur leur budget et sur leur emploi du temps.

Pour soulager l’agenda, on peut améliorer les dessertes, le fonctionnement du réseau.
Pour soulager le portefeuille, on peut et on doit être énergique : et nous le sommes, en proposant la gratuité des trains et des bus pour les moins de 25 ans.
Cela va donner une illustration concrète à la solidarité entre les générations ; cela va habituer les citoyens de demain aux modes de transport les plus durables et les plus écologiques ; cela va, enfin, soustraire un pan, un petit pan de nos vies, aux griffes du marché.
Il y aurait encore beaucoup à dire, beaucoup à faire : sur le ferroviaire, les trains Intercités de la ligne Rouen – Le Havre, où les usagers constatent une dégradation constante du service… Mais il faut bien conclure !

On n’a pas à attendre 2017, en se morfondant, pour constater au final que les promesses du candidat Hollande envers la jeunesse – sa priorité ! – sont bel et bien rompues.
On peut agir dès maintenant, avec une région Front de Gauche.

Et, un dernier point qui me semble important : pour appliquer notre programme régional, il faudra impérativement impliquer les jeunes. Interpeller, consulter, débattre : en un mot, faire vivre la démocratie dans toutes nos actions et ramener la politique au sein du peuple, là où les grands partis verticaux, la technocratie et les médias de masse l’avaient terrassée.

Voilà. Tout cela peut sembler bien modeste.

Ce n’est pas la révolution.

Mais on y travaille !

Merci !

 

Thibaut Langlois (20 ans)
Étudiant en Master 1 Droit public à l’Université du Havre
Membre du Parti de Gauche, co-secrétaire du Comité Le Havre Maritime
Candidat Régionales 2015 en Seine-Maritime sur la liste du Front de Gauche

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