Le 16 décembre 2009, à la conférence de Copenhague sur le climat, le Président Hugo Chavez a prononcé cette phrase devenue célèbre : « Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé ». Le PG a décidé d’adapter ce slogan pour ses trois campagnes lancées au mois de juin.
Les trois affiches prévues à cet effet collent toutes à l’actualité internationale, sociale et écologique :
Oui, « si la Grèce était une banque, elle serait déjà sauvée ». Et Alexis Tsipras n’aurait pas besoin de batailler comme il le fait avec la Troïka, l’EuroGroupe, M. Juncker et son donneur d’ordre qu’est Mme Merkel. Il faut plus que jamais soutenir le gouvernement grec dans ce bras de fer. Ce gouvernement a de son côté le peuple grec et face à lui, l’oligarchie politico-financière. Cette opposition entre la souveraineté d’un peuple qui « reprend son destin en main » comme nous l’a expliqué samedi Zoé Konstatopoulou, présidente du parlement grec, place de la République au Forum alternative européenne, et la souveraineté des marchés et de la finance est aussi notre combat. Voilà pourquoi nous manifesterons le 20 juin en solidarité avec le peuple grec à l’appel de l’ensemble de ses organisations progressistes (partis, syndicats, associations).
Oui, « si l’hôpital public était une banque, il serait déjà sauvé ». Les personnels de l’AP-HP qui refusent le plan Hirsch par milliers ne disent pas autre chose au fond. Sous prétexte d’aménager les 35 heures, ce plan veut en effet imposer davantage d’austérité à nos hôpitaux d’Ile de France. Pourtant, que de dégradations déjà commises au nom de cette politique depuis le documentaire « Sicko » réalisé par l’américain Michael Moore en 2007 qui montrait en exemple notre système de santé publique. Grâce à la qualité et au dévouement des personnels, justement, cela tient encore, mais tous les usagers font l’expérience de conditions se détériorant y compris maintenant dans la qualité des soins ou au moins des conditions d’accueil. Tout est fait en réalité pour favoriser le privé en fermant, regroupant des hôpitaux, maternités, centres IVG et en diminuant leurs moyens. Mais cette nouvelle attaque sur l’AP-HP ne passe pas. Chaque semaine des manifestations ont lieu. La prochaine est le 11 juin. De nouveau, nous serons dans les rues de Paris, aux côtés de tous les syndicats unis. Comme nous sommes au côté des comités qui, un peu partout sur le territoire, se battent pour préserver une offre de soins publics de proximité et de qualité. Comme nous serons à Guéret les 13 et 14 juin pour la défense plus globale des services publics.
Oui, enfin, « si le climat était une banque, il serait déjà sauvé ». En cette année de COP 21, ce sera la campagne centrale pour le PG. Même Mme Royal reconnaît que « les négociations de l’ONU sont complètement inadaptées à l’urgence climatique ». C’est dire qu’on attend peu de choses du sommet à Paris en fin d’année. Il y aura une déclaration. Il est impossible qu’il en soit autrement. Mais rien qui ne soit à la hauteur des enjeux. Les nouvelles sur le front du réchauffement climatique sont pourtant toujours plus alarmantes, ses conséquences sont plus rapides et importantes que prévues. Une étude parue mi-mai dans « Sciences », révèle ainsi une accélération de la fonte des glaces dans le sud de la péninsule Antarctique depuis 2009. Les chercheurs estiment ainsi que 56 milliards de tonnes de glace y fondent chaque année, soit plus d’un tiers de la perte totale de masse de la calotte polaire sud (évaluée par le Giec à 142 gigatonnes par an entre 2003 et 2011). Ce n’est qu’un exemple, puisque les glaciers de la mer d’Amundsen située un peu plus au sud fondent à un rythme encore plus rapide. Et ce n’est rien en comparaison avec la banquise de l’Océan Arctique et des glaces du Groenland.
Bien plus grave que le phénomène de réchauffement lui-même (la terre a évidemment connu d’autres périodes de réchauffement et de refroidissement), c’est la vitesse et l’ampleur avec laquelle il se produit qui change tout et rend certaines les catastrophes climatiques à venir. Au cours des deux derniers siècles, la température à la surface du globe a déjà augmenté en moyenne de 0,6°C (1°F) mais le pire est devant nous. Quasiment tous les scientifiques s’accordent à dire que le seuil critique à ne pas dépasser serait une augmentation de 2° Celsius d’ici la fin du XXIème siècle. Au-delà, le risque de « rétro-action positive », produit par exemple par la libération de méthane du pergélisol sibérien en train de dégeler, accélèrera encore plus le changement climatique… Autrement dit nous entrerions dans une accélération chaotique dont les effets deviendraient impossibles à déterminer.
Voilà pourquoi, au-delà des conséquences pour le sous-sol induits par la méthode, il est criminel d’envisager l’exploitation des gaz et huiles de schiste qui ne feraient qu’émettre davantage de CO2 dans l’atmosphère. Voilà pourquoi tous les systèmes reposant sur le droit à polluer ou les marchés carbone constituent l’équivalent des saignées de l’ancien régime : on tue le malade bien plus surement qu’on ne le soigne. Voilà pourquoi on ne peut continuer à miser sur la croissance pour la croissance pour remédier à nos crises sociales. Voilà la raison essentielle pour laquelle les milliards de profits engloutis par le capitalisme financier sont insupportables : ils sont non seulement producteurs d’inégalité et de chômage, mais aussi de toujours plus de CO2 dans l’atmosphère pour le bonheur de quelques-uns. Voilà pourquoi on ne peut laisser au marché le soin de régler la question climatique.
Pour toutes ces raisons, le PG sera cette année, plus que jamais, un parti écologiste. Nous serons des mobilisations unitaires autour de la COP21 dont celles d’Alternatiba. Nous ferons des propositions programmatiques fortes, notamment sur la question centrale de l’aménagement du territoire et des transports, dans le cadre des listes de rassemblement citoyen pour des élections régionales qui se dérouleront en même temps que la COP21. Nous prendrons des initiatives propres pour mettre en avant nos solutions. Des mesures à court et moyen terme, sur la sobriété et la transition énergétique ou la planification écologique, comme sur le projet que nous proposons comme alternative au capitalisme : l’écosocialisme.
Eric Coquerel
Coordinateur politique du Parti de Gauche