A Guéret dans la Creuse, samedi 13 juin, 7 000 personnes manifestaient pour les services publics dans la préfecture du deuxième département le moins peuplé. Ils démontraient ainsi que la France des campagnes et des petites villes est pleine d’énergie civique et de solidarités nouvelles, en dépit de l’abandon de l’Etat et du mépris des images dominantes. Portant la dignité fière de ceux qui résistent, ils donnaient à voir cette France belle et rebelle que certains avaient cru disparue. Ils incarnaient à la fois le drapeau rouge et le rouge du drapeau tricolore. Ils faisaient vibrer l’identité républicaine de la France. Jean-Luc Mélenchon était à leurs côtés pour affirmer que « la Nation elle-même est menacée par ces politiques d’austérité ». Comme il y a 10 ans, en 2005, quand la démission de plus de 250 élus avait cristallisé la convergence nationale des collectifs de défense des services publics.
Depuis ils n’ont cessé d’être plus nombreux et structurés. Leur composition en fait des mouvements sociaux à large assise civique. S’y impliquent usagers, personnels et élus, chacun mobilisant en cascade associations, syndicats et collectivités. L’objet de ces collectifs est tout aussi large que leur composition. L’appel de Guéret 2015 lie en effet de manière globale l’avenir des services publics et des territoires avec la transition écologique, la forme de l’Etat et l’austérité pratiquée à l’échelle du continent. Chacun sait qu’il ne résoudra pas son problème particulier sans mise en jeu de tous ces paramètres. En partant de la lutte pour l’hôpital, l’école, la gare, la perception ou l’eau, ces conflits créent ainsi de la conscience révolutionnaire à grande vitesse. C’est le premier rôle des militants de la révolution citoyenne que d’être déclencheurs de ces prises de conscience et tricoteurs de ces convergences dans les lignes de fracture de la société. Face à des institutions qui ne défendent plus l’intérêt général, les citoyens montrent ainsi qu’ils peuvent s’en charger eux-mêmes. Et résoudre concrètement les impasses du système en le dépassant.
Pour cela reste à transformer cette énergie sociale et civique en reconquête politique de la souveraineté du peuple. En Espagne ou en Italie des mouvements aussi différents que Podemos et 5 Etoiles ont montré que c’était possible dés les élections locales et régionales. En France aussi, chasser les partis de l’austérité sera le grand enjeu civique des prochaines élections régionales.