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Juin 24

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21 juin 1907

Au début du 20ème siècle, dans le Midi, les viticulteurs ont commencé à se regrouper pour vinifier et vendre leur vin en commun, sans intermédiaire. C’est la coopérative de Maraussan, dans le Biterrois, qui est la première à se mettre en place en 1901. Une initiative que Jean-Jaurès salue : «Paysans, ne demeurez pas à l’écart. (…) dans la cuve de la République, préparez le vin de la Révolution sociale! »
Mais en 1905 alors que les récoltes sont extrêmement abondantes dans toute l’Europe, le gouvernement autorise la chaptalisation, c’est à dire l’ajout de sucre, pour les vins d’importation. On peut désormais vendre en France, sous le nom de « vin » des produits « trafiqués ». Le prix de l’hectolitre de « vin » chûte à 7 francs contre 24 en 1903. C’est la crise dans le midi viticole. Et en 1907, les vignerons se soulèvent pour protéger la qualité de leur production. Aux cris de Vive le vin naturel ! À bas les empoisonneurs ! », ils entraînent avec eux le peuple des campagnes et les élus locaux réclamant des lois protégeant la qualité de la production viticole française.

Mais le gouvernement Clémenceau compte sur un pourrissement et un essoufflement de la révolte.

Face à une lenteur législative calculée, le maire de Narbonne, Ernest Ferroul annonce sa démission. Il est suivi par 442 municipalités du Languedoc Roussillon qui démissionnent dans la semaine. C’est la fronde des élus. La tension monte, le 20 juin, à Narbonne, l’inspecteur de police Grossot est pris à partie par la foule. Pour le dégager, la troupe tire sur la foule, faisant cinq morts et 33 blessés. Le Midi s’embrase. Apprenant la fusillade, 500 soldats de la 6e compagnie du 17e régiment, basés à Agde se mutinent, pillent l’armurerie et prennent la direction de Béziers. Arrivés au matin, le 21 juin, ils fraternisent avec les manifestants. Cette mutinerie restée célèbre dans les paroles de la chanson de Montéhus Gloire au 17ème permet de faire reculer le gouvernement. Sous la menace insurrectionnelle le parlement est réuni le 29 juin. Une loi protégeant le vin naturel contre les vins trafiqués est enfin adoptée. Elle interdit la fabrication et la vente de vins falsifiés ou fabriqués. Le 3 septembre, paraît un nouveau décret spécifiant que : « Aucune boisson ne peut être détenue ou transportée en vue de la vente ou vendue sous le nom de vin que si elle provient exclusivement de la fermentation alcoolique du raisin frais ou du jus de raisin ».

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