L’État est en train de faire avec La Poste ce qu’il a fait avec France Télécom dans les années 1990 : la préparer de force à être rentable pour en faire cadeau à des investisseurs privés. Nous essayons, à Amfreville-la-Mivoie (76), de faire réagir les habitants pour qu’ils défendent un service qui leur est indispensable et qui leur appartient.
Jusqu’à présent tout à été fait pour qu’on laisse tomber : La Poste d’ Amfreville-la-Mivoie, commune de plus de 3 000 habitants, est maintenant fermée le samedi après-midi, le dimanche et le lundi toute la journée. Les mardis, mercredi, jeudi, et vendredi elle est ouverte le matin et de 14 à 16 heures seulement. Elle ne sert donc pas à ceux qui travaillent et qui ont besoin d’expédier ou de retirer un courrier recommandé ou un paquet. Il n’y a pas non plus de distributeur automatique de billets, malgré les demandes répétées de la population. Quant aux chômeurs, aux précaires, aux pauvres, ils ne peuvent plus compter sur ce service public du samedi à midi jusqu’au mardi à 9 heures. Et encore, elle est restée fermée aussi un mardi matin en juin !
Pour faire bonne mesure, notre facteur, Stéphane, a vu sa tournée rallongée et sa mobylette confisquée, pour cause de sécurité ! Il monte maintenant la côte vers Mesnil-Esnard en vélo et termine sa tournée trois heures plus tard qu’avant. Il a bientôt 60 ans, des douleurs dans le dos et à appris l’année dernière qu’il ne pourrait prendre sa retraite que dans 4 ou 5 ans ! On voudrait le dégoûter qu’on ne s’y prendrait pas autrement, et si ça se trouve on va y réussir !
Ne rien dire, ne rien faire, ce serait être complice de la casse organisée du service public. L’entreprise La Poste nous appartient à tous, puisqu’elle est encore propriété de l’État à 100 %.
Mais qui a donc le pouvoir ?
Le Front de Gauche Amfreville, en décembre 2014 a recueilli les signatures de 300 Amfrevillais en 5 heures de permanence devant La Poste en une semaine.
Il a demandé à être reçu par le directeur régional dans la foulée, pour lui apporter les pétitions réclamant la réouverture du bureau le lundi après-midi comme auparavant. Nous avons été reçus par le sympathique directeur de La Poste du bureau distributeur de Mesnil-Esnard qui ne peut rien aux horaires d’ouverture du bureau d’Amfreville.
Pendant la campagne pour les Départementales, en mars 2015, nous avons voulu rencontrer M. Medhi Bahtani, directeur Régional, en faisant du bruit sous les fenêtres de son bureau Boulevard de la Marne à Rouen. Sans réaction de sa part.
Nous avons donc décidé de passer à l’étape suivante, en manifestant encore une fois devant La Poste d’Amfreville samedi 6 juin. La Brigade d’intervention Agitation Propagande (BIAP) du parti de Gauche Rouen avait organisé une inauguration d’un deuxième guichet avec tambour, mégaphone, slogans et percussions. Quelques habitants, alertés par le tract diffusé dans toutes les boîtes à lettres les deux jours précédents, sont venus voir ce qui se passait et plusieurs ont signé la pétition.
A 11h30, nous sommes entrés à 4 dans le bureau et avons annoncé à la guichetière que nous n’en sortirions pas sans, au moins, un rendez-vous avec le directeur
A 12h25, le sympathique directeur du bureau distributeur de Mesnil-Esnard est venu nous voir, a téléphoné au chef de la sûreté de La Poste, qui lui a dit d’appeler la police. Un quart d’heure après, trois voitures de police étaient devant le bureau et cinq policier sont venu nous demander de sortir. Le sympathique directeur du bureau distributeur de Mesnil-Esnard a promis d’essayer de nous avoir un rendez-vous avec le directeur régional.
Depuis, pas de nouvelles. Nous ne lâcherons pas La Poste. Nous allons nous réunir dans quelques jours pour savoir comment nous allons poursuivre l’action. La Poste nous appartient encore à 100 %. Il est encore temps que la population qui en a besoin, réagisse pour qu’on ne la lui vole pas.
Pour le Front de Gauche Amfreville
Le 14 juin 2015
Jean-Luc Varin