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Juil 19

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25 juillet 1793

En cet été 93, pendant qu’un peu partout en France, la réaction tente de mettre à bas la Révolution, à la Convention, on traite d’un problème hautement essentiel : l’école gratuite et obligatoire pour tous les enfants de ce pays qu’on veut neuf et exemplaire.

En 1789, Talleyrand en posait déjà les principes, parlant de mixité, de gratuité. Condorcet en avait jeté les bases laïques, afin que « l’égalité de droit devienne une égalité de fait ». Lepeletier de Saint-Fargeau en avait rédigé un mémoire. Mais son assassin, le 20 janvier 1793, l’avait privé de la possibilité de le présenter aux députés de la Convention. Et c’est Robespierre qui s’en chargea.

Proclamant la double nécessité d’élévation des hommes et de circulation des connaissances, d’ores et déjà, les deux missions de l’école sont posées : instruire et éduquer. L’ancien sujet du roi et de dieu doit devenir un citoyen libre, indépendant du savoir des autres et maître du sien propre. L’école de la République formera la raison, voilà l’objectif.

Pour autant, rien n’est facile dans cette France tout juste révolutionnaire. Peut-on imposer l’école obligatoire lorsqu’une famille pauvre a besoin de l’argent gagné par ses enfants ? Avant le savoir, c’est le pain qui fait vivre. Dans les familles aisées, l’enfant n’est pas tenu de gagner le morceau de pain qui le nourrit. Il est dès lors indispensable de penser une école réellement ouverte à tous, une école républicaine, au sens noble de sa fonction. Et c’est Danton qui le rappellera quelques années plus tard : « l’enfant du peuple sera éduqué aux dépens du superflu des hommes à fortunes scandaleuses », puisque c’est bien le peuple qui doit être doté d’une éducation nationale « puisqu’après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple ».

L’œuvre scolaire de la Grande Révolution, gravée dans le marbre, a pourtant marqué de son empreinte les siècles qui l’ont suivie. Il n’est pas un pédagogue, pas un démocrate convaincu qui n’y ait glané sa détermination à construire une école laïque, émancipée du pouvoir des églises, une école propre à ériger le savoir en droit des citoyens. Une école où on sème dans le vaste champ de la République, et où on ne compte pas le prix de la semence.

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