«

»

Mai 23

Imprimer ceci Article

Tribune dans l’Humanité • Une alternative au tripartisme

Ma tribune dans le cadre du débat initié par l’Humanité parue le 12 avril : http://www.humanite.fr/quelle-strategie-politique-gauche-pour-le-rassemblement-populaire-573848

« Année de la recomposition politique , 2015 ? Pour le système, elle a déjà un nom : le tripartisme. Le PS compte dessus pour imposer François Hollande en 2017 comme candidat unique de la « gauche » au 1er tour au nom du vote utile. Il prétend donc conserver sa place centrale « à gauche ». Mais une gauche qui aurait tout d’un parti « démocrate » à l’américaine. La mue de l’UMP en parti « républicain » compléterait le tableau. Mais le troisième larron de l’attelage n’entend pas se contenter de jouer le diable de confort du système. Le « jour des petits couteaux » entre les Le Pen n’est pas un débat sur le fond – les événements récents confirment le FN comme force d’extrême droite antirépublicaine – mais sur la stratégie de prise de pouvoir. Le FN pourrait ainsi se sentir suffisamment fort pour faire des propositions d’alliance à la droite au 2e ou 3e tour des régionales. Le degré de dangerosité pour la démocratie n’est évidemment pas égal entre ces trois composantes. Reste que pour tous ceux qui refusent une Ve République toujours plus monarchique, austéritaire et productiviste, il est impératif de dégager une alternative indépendante au tripartisme. Il n’y a pas d’autre issue. C’est d’ailleurs la même équation qui se pose partout en Europe et que Syriza a su résoudre à son avantage. C’est même le seul espoir pour renverser ou éviter les politiques de droite et d’extrême droite, y compris quand elles sont appliquées par un gouvernement social-libéral.

Avons-nous une chance raisonnable d’y parvenir ? Première hypothèse : ceux qui, au PS, s’opposent à la politique de Valls remportent le prochain congrès. La situation, et donc notre stratégie, en seraient évidemment changées. Cette hypothèque sera levée dans un mois. Elle posera d’ailleurs la question inverse aux frondeurs s’ils s’avèrent minoritaires. Nos bras, dans ce cas, leur seront ouverts. Car dans cette situation, il y a un espoir. Si le système tente de l’effacer, « notre » gauche ne l’est pas. Nous conservons un socle disponible de 10-11 % dans le pays. Ce n’est pas suffisant pour incarner seuls l’alternative, mais c’est une base suffisante pour impulser une nouvelle dynamique. Dans ce cadre, les régionales vont bien sûr jouer un rôle important car c’est la dernière étape avant la présidentielle. Nous devons nous mettre en ordre de bataille pour y enregistrer un progrès à même de nous crédibiliser en alternative. Dans cet objectif, le Front de gauche peut encore jouer un rôle décisif en contribuant à des rassemblements citoyens de tous ceux qui refusent le désordre austéritaire. Cela nécessite d’avancer avec méthode. À commencer par concrétiser ce que nous avons seulement ébauché : des listes indépendantes, cela va de soi, des forces du système ; un effort rassembleur vis-à-vis d’EELV, Nouvelle Donne, des socialistes d’opposition, le NPA… ; par-dessus tout un véritable engagement pour susciter une implication citoyenne, seule à même de remettre le peuple en mouvement. Je m’arrête sur ce dernier aspect. Si on le prend au sérieux, cela oblige les partis à se mettre au service de ce rassemblement citoyen. Donc laisser un rôle décisionnaire à tous ceux qui seraient volontaires pour travailler à cette démarche, d’où notre proposition d’assemblées représentatives de ces listes. Enfin, parce que nous ne pouvons pas être la seule démarche nationale à en être privé, il faudra une appellation nationale pour l’identifier. Bien évidemment, parallèlement, il convient de travailler à un accord programmatique. Il devra faire face à cinq urgences : la désagrégation de la souveraineté populaire à laquelle nous répondons par la constituante, la VIe République et la désobéissance européenne, l’austérité et les inégalités au bénéfice des revenus du capital, la casse des principes d’égalité républicaine, la préservation de notre écosystème, la paix. Mais le passé commun de la gauche antilibérale a montré sa capacité à régler cette question. C’est moins évident de notre capacité à nous rassembler dans un même mouvement et assurer une permanence dans notre stratégie. Mais avons-nous le droit d’échouer ?

Lien Permanent pour cet article : http://76.lepartidegauche.fr/?p=121