Au Journal Officiel du 13 mai 2015, et en application de la procédure d’urgence, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Mme Hazan, a signalé plusieurs dysfonctionnements graves de la maison d’arrêt de Strasbourg. Mme Hazan dénonce les faits suivants : absence de mesures pour protéger les personnes détenues (une personne ayant ainsi signalé un comportement agressif de son co-détenu n’a pas pu changer de cellule, malgré les recommandations du médecin, et a subi un viol), conditions matérielles de détention déplorables (douches glacées ou ne fonctionnant pas, pas de chauffage, humidité et moisissures), violation de la confidentialité des correspondances adressées à la Contrôleuse, et non-respect du secret médical : des caméras de vidéosurveillance ont été installées dans les locaux des activités thérapeutiques du service de psychiatrie, malgré l’opposition des médecins, contre le principe de l’indépendance des soignants en milieu pénitentiaire.
Rappelons que si l’équipe de la Contrôleure a des possibilités d’investigation poussées, ses capacités d’action, elles, sont limitées. Elle ne peut que saisir les autorités compétentes c’est-à-dire réclamer des explications. Or, quelles ont été les explications de la Chancellerie ? Une liste de dénégations de mauvaise foi, niant à peu près tous les faits évoqués. Quant au non-respect du secret médical, Mme Taubira, qui pourtant avait déposé une motion s’opposant à l’application de la loi sur le renseignement dans les établissements pénitentiaires, répond qu’elle trouve parfaitement normal que des caméras soient placées dans des lieux d’auscultation puisque selon elle ce sont des « lieux collectifs ». Il y a bien peu de chances que les recommandations de Mme Hazan soient suivies de changements véritables…
Cette affaire montre, une fois de plus que rien ne change quant à l’état déplorable des prisons françaises. La réforme pénale de Taubira allait dans le bon sens mais, déjà très insuffisante, elle n’a pas été suivie d’effets réels. Il faut aller plus loin, et s’attaquer concrètement aux conditions de détention, qui passent notamment par la lutte contre la surpopulation carcérale
Il y a un fossé entre les promesses et la réalité de la politique du gouvernement en la matière, qui n’est en rien une politique de gauche (des changements extrêmement limités en matière pénale, agrandissement du parc pénitentiaire, constructions d’établissements en Partenariats-Publics-Privés ce qui ne fait qu’endetter davantage le contribuable pour des résultats bien peu probants, regroupements à la va-vite de détenus dits « islamistes » décidé par Manuel Valls, etc).
Le Parti de Gauche réclame une politique pénitentiaire cohérente, efficace, et véritablement soucieuse du traitement des personnes détenues, des droits humains en prison ainsi que de leur réintégration dans la société. Pour cela, il souhaite notamment que la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté soit dotée de pouvoirs de pressions politiques réels, et non d’un simple pouvoir de recommandation qui souvent reste à l’idée de vœux pieux.