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Mai 14

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Guéret, 29 mai: dix ans après

Le samedi 5 mars 2005, des milliers de personnes défilaient malgré la neige et le froid vif à Guéret (Creuse) en défense des services publics. Le rassemblement faisait suite à la démission, le 23 octobre 2004, de 263 élus creusois pour protester contre la disparition des services publics après l’annonce de la fermeture de plusieurs perceptions dans la Creuse. Ce département du Limousin était devenu, depuis, le symbole du déclin des services publics. Parmi les responsables politiques, élus et représentants de syndicats on notait la présence de François Hollande, alors secrétaire national du PS et Président du Conseil général de la voisine Corrèze. L’édile socialiste déclarait ceci à la presse : « L’enjeu méritait tous les efforts pour venir jusqu’ici. Au-delà de la défense des services publics, c’est la défense d’un territoire, c’est la défense d’une conception de la vie, c’est-à-dire de l’égalité de tous pour accéder aux services essentiels, que ce soit le chemin de fer, l’école, les recettes des finances. Il faut que nous ayons à chaque fois, où que nous soyons, accès aux services publics ». A l’époque déjà, beaucoup des manifestants reprochaient la duplicité de Hollande jusqu’à lui lancer des boules de neige. Il est vrai que le 1er secrétaire du PS faisait campagne pour le oui au très libéral Traité constitutionnel européen et que les députés de son parti votaient, déjà, pour les mesures de libéralisation du service public au Parlement européen. D’ailleurs beaucoup des manifestants de ce 5 mars mêlaient les slogans sur le refus du TCE à ceux défendant la préservation du service public. Deux mois et demi après, le 29 mai très exactement, c’est leur cause qui l’emportait : le NON au TCE triomphait avec près de 55% des suffrages dans un référendum au taux de participation record de 70 % !

Dix ans après, la situation des services publics s’est profondément détériorée. Dix ans après les partisans du oui, libéraux de droite comme de « gauche », ont contourné la souveraineté populaire en appliquant aux peuples européens la potion néolibérale et austéritaire contenue dans le TCE. La méthode : le Traité de Lisbonne, duplicata du TCE, adopté le 4 février 2008 par le Congrès réuni à Versailles grâce aux voix de droite et à la complicité de 152 des parlementaires socialistes qui s’abstenaient suivant ainsi les consignes de François Hollande. Le même François Hollande, élu président, signant en septembre 2012, malgré ses engagements de campagne, le TSCG qui aggrave encore le Traite de Lisbonne. Car dix ans après c’est François Hollande qui applique en France une politique qui démantèle toujours plus les services publics et l’Etat social. Comme quoi les lanceurs de boules de neige avaient visé juste.

Le 29 mai 2005 nous aurons ainsi l’occasion de célébrer l’une des irruptions populaires et démocratiques dont notre peuple a le secret quand on s’y attend le moins. Rarement débat politique aura été aussi intense que cette campagne référendaire. A l’époque la gauche du NON reprochait au TCE d’amener l’UE à la catastrophe à force de donner la main au marché et à la finance au mépris de la souveraineté populaire. Là encore ce sont les peuples qui avaient vu juste. Quant à l’UE, toujours sous la férule de Berlin et de Bruxelles, elle prétend toujours imposer aux peuples ce qu’ils ne veulent pas comme le montre l’inflexibilité scandaleuse de l’Euro groupe face au gouvernement grec de Mr Tsipras.

Les 13 et 14 juin à Guéret, le collectif Convergence pour les Services publics fêtera donc également le dixième anniversaire de Guéret 2005. L’événement est important. Il y a en effet péril en la demeure. Ce n’est plus de détérioration de services publics dont il est question mais bien du risque de leur quasi disparition. Pensons-nous, par exemple, que le réalisateur Michael Moore, auteur en 2007 du documentaire Sicko, apologie du système de santé public français face à celui des USA, ferait aujourd’hui le même film ? Les services publics sont en effet attaqués sous trois angles : les mesures de dérégulation et d’ouvertures à la concurrence votées au parlement européen ; les politiques d’austérité qui les privent de toujours plus de moyens financiers, matériels et humains ; l’Acte 3 de la décentralisation qui remplace dans les faits le principe l’égalité républicaine sur toute le territoire, dont les services publics étaient les garants, par celui de compétitivité à tous les étages. La réforme territoriale constitue le plus grand danger. Sous couvert de décentralisation, elle va donner aux grandes régions toujours plus de compétences en matière de politique publique mais sans les moyens financiers ad hoc, d’où l’utilisation toujours plus grande de l’arnaque des Partenariats Public-Privé. Elle va réformer en profondeur et structurellement le pays, tournant le dos ainsi aux principes égalitaires et républicains de la révolution de 1789 dont les services publics sont l’un des outils indispensables.

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DR mobilisons nous le 13 et 14 juin à Guéret

Voilà pourquoi tant d’organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires), associatives et politiques mobilisent pour Guéret. Les organisateurs attendent au moins 10 000 personnes à la manifestation du 13 juin. Mais l’appel ne s’arrête pas là. Le dimanche aura lieu le lancement d’un processus d’assises en vue d’un Manifeste du 21ème siècle pour les services publics. L’objectif, après un an d’assises nationales et locales, est de le rendre public à l’occasion d’une grande initiative à Paris en juin 2016. Alors que le rapport de force social et politique est dégradé, les organisations parties prenantes de cette initiative ont décidé non seulement de défendre les services publics actuels mais aussi de passer à l’offensive, à la reconquête. Ils ont raison. Comment par exemple imaginer la transition énergétique en cette année du COP21 sans services publics forts ? C’est un non-sens que d’abandonner la question du climat au marché et au capitalisme, qu’il soit vert ou pas. Plus largement, les services publics sont au cœur de la reconquête démocratique que nous plaçons dans notre bataille pour la 6ème République. Ils sont la condition indispensable à l’intérêt général et au bien commun. Les défendre et les promouvoir impose donc non seulement de rompre avec les traités européens mais aussi la 5ème République. Le PG mettra tout en œuvre pour faire du 13 et 14 juin à Guéret puis du processus des assises un grand succès.

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