Faure Gnassingbé se présente à l’élection présidentielle pour la troisième fois, bénéficiant après son père, de la levée des obstacles constitutionnels quant au nombre de mandats, grâce aux bons services du Professeur Debbasch. En 2005, son coup d’Etat constitutionnel habilement maquillé par le dit Professeur, avait été marqué par la mort de plusieurs centaines de personnes.
Jean-Pierre Fabre candidat de l’opposition avait certes réussi à faire écarter le logiciel belge SUCCESS de décompte des voix entaché qu’il était de multiples erreurs. Mais la création en dernière minute de bureaux de vote de « désengorgement » et les fraudes « classiques » de bourrage d’urnes au nord et au centre, viennent s’ajouter aux fraudes sur le fichier électoral (75% d’inscriptions faites par les chefs de village contre 12% seulement avec des documents officiels). De plus la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’a pas hésité à déclarer vainqueur le Président sortant alors que nombre de résultats étaient soit litigieux, soit n’ont pas été décomptés.
Or la communauté internationale ne fait rien pour faire respecter les droits à la démocratie du peuple togolais : le Président de la CEDEAO, le ghanéen John Dramani Mahama sans doute soucieux de ne pas devoir accueillir des réfugiés sur son territoire, s’est contenté de faire pression sur l’opposition pour qu’elle accepte les résultats. Le Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, venu au secours de son ami Faure dont il attend un beau geste en retour, ne veut certainement pas créer de précédent qui lui nuirait pour la prochaine élection présidentielle ivoirienne. Le représentant spécial du secrétaire général des nations unies en Afrique de l’Ouest Ibn Chambas, continue à se comporter en fidèle soutien de Faure, comme il l’avait fait en tant que représentant de la CEDEAO en 2005 et il n’a aucun scrupule à reprendre les affichages pro-pouvoir de la représentation corrompue de la société civile (CSNC). Les ambassadeurs allemand et américain à Lomé s’affichent ostensiblement avec le pouvoir en place. Les représentants français brillent par leur discrétion certainement pour ne pas gêner le business. Enfin, aucun chef d’Etat africain ne s’est élevé contre cette mascarade électorale et la CEDEAO préfère privilégier le consensus mou de Chefs d’Etat installés. Quant à l’Union Européenne, elle s’est contentée de financer en fermant les yeux, les activités d’observation inutiles et désastreuses de la société civile facilement récupérée par le régime.
Face à de tels progrès réalisés par le pouvoir en place dans sa capacité à frauder et à maîtriser la communication afférente, face à un tel comportement de la communauté africaine et internationale, le peuple togolais est comme anesthésié après ce coup de force électoral et craint de manifester dans la rue contrôlée par l’armée.
Le Parti de gauche attire l’attention des institutions de la communauté internationale sur le réel danger pour l’avenir que représente ce soutien non déguisé au dictateur en place et ne peut dans ces conditions que soutenir l’exigence d’un recomptage des voix ou même l’annulation de cette élection afin de faire exemple pour la conquête de la démocratie en Afrique francophone.