Nexcis est une entreprise de 77 salariés installée à Rousset (13), filiale d’EDF. Elle est spécialisée dans la recherche sur les panneaux solaires. Elle a inventé un produit innovant : des vitres solaires semi transparentes destinées à des bâtiments de bureaux. Or le 2 mars, le PdG de l’entreprise annonçait brutalement sa fermeture sans explication, ou plutôt sous prétexte de concurrence chinoise alors que Nexcis a déposé un brevet sur un procédé unique qui n’a rien à voir avec les panneaux fabriqués en Chine. Depuis les salariés se battent pour la survie de l’entreprise et le Parti de Gauche est à leurs côtés.
Philippe Juraver, secrétaire national aux entreprises et Jean-Paul Renoux du secteur luttes, s’y sont rendus tous les deux ainsi que nos élus locaux, notamment Luc Léandri conseiller régional et Jean-Marc Cavagnara, conseiller municipal. J’y ai accompagné Philippe et Jean-Paul de nouveau le vendredi 22 mai. Lors de la visite de l’usine, les salariés ont aimablement répondu à toutes nos questions, avec beaucoup de sérieux et de patience. Et notre curiosité et nos préoccupations écologiques ont été comblées.
En effet les ingénieurs de Nexcis ont réellement intégré une vision écologique globale sur toute la durée de production et de fin de vie du produit.
Les panneaux solaires chinois utilisent des cellules photovoltaïques en silicium, produites à partir de silice, matière très abondante sur la planète mais qui pour être transformée en silicium nécessite beaucoup d’énergie. Ce sont des panneaux assez épais qui ne peuvent être posés que sur des toitures ou au sol.
La technologie utilisée par Nexcis est totalement différente. Il s’agit de « couche mince » qui utilise le gallium et l’indium, deux métaux rares, surtout l’indium. Compte tenu de la rareté de ces 2 métaux, tout est fait tout au long du processus de fabrication pour ne pas en perdre une miette. De même, dès maintenant, la question du recyclage des panneaux en fin de vie a été étudiée en incluant la récupération des métaux présents et leur purification pour être réutilisés. Ce processus de production est beaucoup moins consommateur d’énergie que les panneaux à base de silicium.
La préoccupation constante de consommation énergétique la plus faible possible, de non gaspillage des métaux et de recyclage maximum ainsi que celle de recherche des meilleurs matériaux possibles nous a frappé tout au long des discussions avec les ingénieurs qui ont été particulièrement disponibles pour répondre à toutes nos questions.
L’autre intérêt majeur de ces panneaux « couche mince » est de pouvoir s’appliquer sur des supports très différents. Les cellules photovoltaïques étant sous forme de fines bandes, elles peuvent être intégrées sur des vitres avec la possibilité de faire varier le nombre et l’espace entre 2 bandes de cellules selon la production électrique recherchée et la volonté de conserver une fenêtre plus ou moins lumineuse.
Nexcis a donc une pépite entre les mains. Un marché existe dans le bâtiment de bureaux. Ils ont déjà des commandes. Nous sommes face à un produit innovant et écologiquement réfléchi
Alors pourquoi fermer Nexcis après 6 années de travail de recherches fructueuses et alors que la phase d’industrialisation allait commencer ?
La division énergies renouvelables d’EDF expose ainsi cette innovation : « Aujourd’hui, des technologies émergent à base de cuivre / indium / sélénium et de cuivre / indium / gallium / sélénium. Elles offrent de grandes perspectives en termes de coût et de rendement. »
Cette même division présente régulièrement les diverses innovations en terme d’énergie renouvelable à des concours.
Le gouvernement passe son temps à faire de grands discours sur la transition énergétique notamment dans la perspective de la tenue de la COP 21 (conférence sur le climat) en décembre à Paris
Mais que ce soit le gouvernement ou EDF, entre les discours et les actes, il y a un abîme. Du côté de Ségolène Royal, ministre de tutelle, malgré la saisine par les salariés, silence radio;
Reste donc cette question lancinante : pourquoi cette fermeture qui signifie une perte de savoir-faire, le risque qu’il soit repris par une entreprise hors de France, et une perte d’emplois.
Le gouvernement déplore constamment la perte de la compétitivité de la France. Mais visiblement pour lui cela se limite à baisser les salaires et à dégrader les conditions de travail des salariés. Or c’est absurde car sur ce terrain nous ne serons jamais compétitifs avec des pays comme la Chine ou l’Inde.
Ce n’est pas le niveau de dépenses d’investissement nécessaires qui peut non plus expliquer ce bradage car il ne s’agit que de quelques dizaines de millions d’euros au moment où EDF annonce vouloir racheter Areva, ce qui va lui coûter des milliards.
Mais finalement le motif de la fermeture de Nexcis n’est-il pas là dans la culture pro-nucléaire d’EDF qui lui fait regarder d’un œil méprisant tout ce qui est nouvelles technologies pour les énergies renouvelables ? Après tout Manuel Valls vient de s’exprimer en Allemagne pour expliquer que le nucléaire est l’avenir.
Alors nous sommes en droit de nous poser la question suivante : y-a-t-il un deal avec la Chine : à la France le nucléaire, à la Chine les panneaux solaires ?
Il faut absolument tout faire pour que Nexcis ne ferme pas, pour le maintien des emplois et pour que cette découverte des vitrages photovoltaïques reste en France.
Dans ce cadre, le Parti de Gauche soutient la demande des salariés de Nexcis d’obtenir une table ronde avec tous les acteurs y compris le ministère de l’environnement qui inclue dans ses fonctions l’énergie et que que soit étudiée et appuyée la proposition de reprise par une autre entreprise qui a dit aujourd’hui son intérêt.