Il est 20h00 en ce 29 mai 2005. L’impossible est devenu réalité. 55% des français ont refusé la ratification de la Constitution européenne.
Et pourtant, rien ne présageait un tel résultat. Lorsqu’en septembre 2004, la décision est prise de convoquer un référendum, toutes les enquêtes d’opinion confirment une victoire massive du oui.
De l’UMP au PS, l’immense majorité des partis politiques mène la campagne du oui. À Gauche, une unité se forme entre communistes, socialistes dissidents et gauche radicale pour mener une campagne de gauche d’opposition au traité.
La campagne est marquée par la mauvaise fois des défenseurs du oui qui refusent tout débat argumenté au profit d’affirmations fantaisistes. Ainsi, François Bayrou affirme qu’il pleuvra plus de 40 jours si le non l’emporte. Ségolène Royal se dit contrainte, en tant que présidente de région, de privatiser les cantines scolaires en cas de victoire du non.
Face à ce mépris du peuple, le non de gauche mène une campagne d’implication citoyenne d’ampleur encore inédite. L’Humanité est le seul journal à publier l’intégralité du texte du traité. Des cahiers de lecture, qui permettent d’organiser des réunions d’explication du traité, sont édités. Ces réunions publiques se multiplient. Elles prennent la forme de réunion d’appartement. Les citoyens s’emparent réellement de ce sujet. Les discussions entre amis, en famille, au travail traitent maintenant du contenu du traité.
Les arguments d’autorité ne peuvent l’emporter face à cette mobilisation citoyenne. Le rapport de force s’inverse. Alors que toute la gauche du non tient meeting au gymnase Japy, pour la première fois, un sondage donne le non vainqueur.
Le camp du oui aura beau multiplier les incantations, la pente est irréversible. Le non l’emporte largement à l’issue de la campagne.
Malheureusement, les institutions anti-démocratiques de la 5e République ont permis de contourner la souveraineté populaire. L’essentiel du TCE est validé par le Congrès lors de la ratification du traité de Lisbonne. Cet exemple est la démonstration que seul le surgissement du peuple et l’instauration d’une 6e République peuvent permettre la révolution citoyenne.