Crédit photo photosdegauche.fr (Stéphane Burlot)
M. Valls a rencontré les 1er et 2 juin les organisations patronales et syndicales pour échanger avec elles sur les changements à opérer afin de favoriser l’emploi dans les TPE/PME. Nul doute que comme lors des précédentes conférences sociales, il ne décidera rien de bon à l’issue de ces réunions. Les propositions de la CGT par exemple (baisse des charges d’emprunts pour les TPE/PME, modulation de l’Impôt sur les sociétés pour que les grands groupes payent plus, encadrement de la sous-traitance, etc.) vont être une fois de plus ignorées. En revanche de son côté le patronat avance sur la revendication d’un contrat unique remplaçant le CDI et le CDD, ou d’un CDD renouvelable plusieurs fois, pour que l’intégralité des contrats de travail signés soient désormais précaires.
Valls souhaite également la création de plafonds d’indemnisation de dommages et intérêts prononcés aux prud’hommes en cas de condamnation de l’employeur. Il irait donc ainsi encore plus loin que la Loi Macron qui créée un référentiel indicatif qui ne s’impose pas aux juges. Le venin idéologique de cette réforme a été dévoilé par François Hollande mi-avril : « Il faut que le coût de la rupture soit connu : si le coût est connu, si les conditions de la rupture sont précisées, c’est plus facile. […] Ce qui fait que le risque de prendre une personne en CDI et d’avoir un contentieux plus tard disparaîtra ». On croit rêver. En France, en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’indemnité est la réparation d’un préjudice. Comment mesurer, à l’avance, au moment de l’embauche le niveau de ce préjudice ? Cette réforme voulue par le gouvernement, en application directe des demandes du Medef et en contradiction avec la convention 158 de l’Organisation internationale du travail (OIT), incitera les patrons à licencier sans motifs puisqu’ils connaîtront à l’avance le montant qu’ils devront verser au salarié en indemnités. En bref, cette mesure permettra d’acheter la possibilité de licencier illégalement, en connaissant le prix à l’avance.
Le gouvernement poursuit donc sa logique funeste : pour diminuer le chômage, il faudrait faciliter les licenciements. Pour sécuriser la minorité d’employeurs, il faudrait insécuriser la majorité de la population. Depuis 2008, le chômage augmente massivement chaque année. Ça ne risque malheureusement pas de s’arrêter tant que le PS et la droite dirigeront ce pays.