Photo Stéphane BURLOT
En votant massivement non à l’austérité européenne, le peuple grec vient d’élargir de manière historique la brèche de désobéissance ouverte en Europe par Alexis Tsipras. Arrivé au pouvoir il y a à peine cinq mois avec 36 % des suffrages, Tsipras engrange désormais le soutien de 61 % des électeurs. Le coup de balai qui avait chassé les sociaux-démocrates en janvier a emporté ce qui restait de la droite en juillet. Cette amplification de la volonté populaire et cette accélération de l’histoire attestent du caractère révolutionnaire du processus engagé à Athènes.
Ce vote est aussi historique pour toute l’Europe qui ne pourra plus fonctionner comme avant. La fissure est telle que même le ministre français de l’économie disait la veille du vote que « la zone euro dans l’état actuel ne peut durer ». A lui seul, un peuple de 11 millions d’habitants barre la route de l’austérité. Il porte ainsi l’intérêt général de tous les peuples européens dont les gouvernements n’ont cessé de trahir les votes contre l’UE. Tout l’édifice toxique de l’UE, ses traités, ses institutions, ses mécanismes de sanction sont désormais paralysés. Leurs menaces, leurs chantages et leurs mensonges n’ont servi à rien. Juste à les réduire au rôle d’huissiers impuissants des marchés. Cette Europe allemande enregistre ainsi une défaite d’autant plus cuisante qu’elle avait mobilisé tous ses moyens financiers, politiques et médiatiques contre la Grèce.
Bien sûr Merkel n’a pas dit son dernier mot. Avec sa négation brutale du vote grec et son refus de négocier, elle renvoie l’Europe en 1871. Mais Tsipras n’étant pas prêt de capituler, chacun doit choisir son camp. Et la peur est en train de changer de camp. Toute la force propulsive du non grec doit être exploitée pour abréger les souffrances des peuples. Déjà la dette grecque a cessé dans les faits d’être payée. Désormais la désobéissance va donc pouvoir s’étendre. Comme l’a résumé Jean-Luc Mélenchon en conclusion du congrès du Parti de Gauche, « nous voulons une autre monnaie et si vous ne voulez pas, nous nous passerons de la votre ». L’instrument de cette contagion sera le peuple. Armes de dissuasion dont personne n’avait plus osé se servir depuis 2005, les référendums sont à nouveau à l’ordre du jour pour régler l’avenir de l’UE. Pour cela, à chaque élection, du Portugal en octobre prochain à la France en 2017 en passant par l’Espagne, l’enjeu sera de chasser les forces qui collaborent avec l’Europe allemande.