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Mai 22

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4 prairial an III (1795)

Durant l’automne et l’hiver qui suivent l’arrestation de Robespierre et de ses amis, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), et leur exécution le lendemain, Paris manque de denrées alimentaires de base. Les « Thermidoriens » qui sont au pouvoir rétablissent la liberté des prix et la spéculation aggrave la situation. De surcroît, l’hiver est très froid et les femmes doivent attendre parfois la nuit entière, devant les boulangeries, pour obtenir une ration d’une demi-livre de pain par personne. L’agitation est d’autant plus vive que, désormais, la bourgeoisie n’hésite plus à étaler sa richesse au grand jour.

Une première émeute se produit le 12 germinal an III (1er avril 1795) : une masse d’hommes et de femmes venus des faubourg Saint-Antoine et Saint-Marcel fait irruption dans la salle des séances de la Convention en réclamant « Du pain et la constitution de 1793 ». (La Constitution de 1793, particulièrement démocratique, n’a jamais été appliquée !). Les manifestants réclament aussi la libération des patriotes incarcérés après le 9 thermidor. Au soir de cette journée, quelques bataillons, aidés par les muscadins (jeunesse dorée), dispersent la foule qui, faute de chef, n’a pas su exploiter son succès.

Le même scénario se déroule du 1er au 3 prairial (20-22 mai 1795). La Convention est envahie par une foule vociférante et menaçante qui, pendant trois jours, s’agite mais n’entreprend aucune action et donne le temps aux Thermidoriens d’organiser la riposte. Les « bons citoyens » (les « propriétaires ») sont regroupés, des troupes sont appelées d’urgence à Paris et, au matin du 4 prairial, 25 000 hommes sont prêts. Le faubourg Saint-Antoine, cœur du Paris révolutionnaire, se réveille encerclé. Les insurgés doivent livrer canons, fusils et piques. Les derniers députés montagnards sont arrêtés et exécutés ; la rue appartient désormais aux muscadins. La « terreur blanche » qui vise les sans-culottes, les Jacobins et les emblèmes républicains se déchaîne.

La fin de la Révolution, placée par nombre d’historiens à la chute de Robespierre, le 9 thermidor an II, peut aussi bien être fixée le 4 prairial an III (23 mai 1795) car, le peuple de Paris ne bougea plus jusqu’en 1830.

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